J’ai passé une bonne nuit et ressens à peine mon bras. Repos ce matin pour la compagnie. J’en profite pour achever la distribution des képis et passe ma matinée au magasin. Je me retrouve à table tout à fait rétabli. Le repas se passe comme à l’ordinaire avec saillies, taquineries. Lannoy nous raconte qu’il fut pris à partie par le capitaine au sujet de notre popote*. Pourquoi tous les sous-officiers n’y assistaient pas ? Lannoy s’en tire bien en disant simplement la vérité : manque d’entente, manque de place, manque de ressources de la part de certains. Le capitaine n’a plus soufflé mot.
À 13 heures, la place est vidée. Nos amis s’en vont à l’exercice. Une heure après, nous recevons la visite de Mascart. Demain marche militaire du bataillon, 15 km. Départ à midi.
À la rentrée de l’exercice, le capitaine vient nous voir pour signer les pièces quotidiennes que d’ailleurs Lannoy a le privilège de signer en son absence car il imite la signature à la perfection. Nous lui montrons l’ordre pour demain. Donc rassemblement à 11 heures 45, cuisiniers, caporal d’ordinaire et sergent-major, tout le monde marche. Quant à moi, je marche avec la liaison du bataillon.
Demain matin, repos pour les hommes, préparation à la marche.
Il est 4 heures 30. Nous bouclons les cahiers et laissant Jamesse à la garde du logis, nous filons voir le débit La Plotte que je n’ai vu hier et avant-hier.
Nous sommes les premiers arrivés et nos amis nous rejoignent bientôt et nous passons deux heures agréables.
Nous rentrons vers 7 heures en bande. Lannoy passe à l’épicerie pour acheter différentes choses pour Licour qui fait le tailleur pour la compagnie.
Nous nous mettons gaiement à table. Culine ayant rencontré les sergents du génie, son camarade, l’amène et il mange avec nous à la fortune du pot.
Au dehors il pleut. Le mauvais temps se mettrait-il de la partie ? La soirée, vu notre invité, se prolonge un peu. Nous nous couchons à 10 heures.