Déclaration de guerre
Aujourd’hui mêmes travaux qu’hier. Tout le régiment continue la mise en état de défense des alentours du village. Devant nous, à 10 km, nous voyons le drapeau belge flotter sur un village. Le village est Torgny.
On dit qu’une quantité énorme d’artillerie [1] se trouve un peu derrière nous. On parle du 75 qu’on dit terrible.
A la soupe, rassemblement de la compagnie sur l’emplacement du travail. Le capitaine, un peu ému, annonce que l’Allemagne nous a déclaré la guerre. Chacun fera son devoir et l’officier compte sur sa troupe.
On s’y attendait, on était convaincu que la guerre éclaterait ; pourtant chacun est un peu rêveur.
Dix minutes après, il n’y paraît plus, c’est l’enthousiasme le plus complet. On travaille d’arrache-pied. Le lieutenant Pougin de la Maisonneuve fait promettre à sa section* de ne pas le faire raser tant qu’on n’aura pas mis le pied en Allemagne et tant que l’Alsace-Lorraine n’aura pas été complétement libérée.
Le soir, je suis nommé caporal fourrier [2].
[1] Artillerie : ensemble des armes collectives ou lourdes servant à envoyer, à grande distance, sur l’ennemi ou sur ses positions et ses équipements, divers projectiles de gros calibre : obus, boulet, roquette, missile
[2] Fourrier : Officier ou sous-officier chargé de l’intendance : distribuer les vivres, pourvoir au logement des militaires.